
Le platane
Le platane, platanus hybride ou ACERIFOLIA - "à feuilles d'érable", fait référence à la ressemblance des feuilles de cette espèce avec celles de l'érable et plus particulièrement à l'érable plane. Il est classé arbre remarquable de Belgique depuis le 03 août 1956.
Il est issu d'un croisement entre le Platanus Orientalis et le Platanus Occidentalis. Son tronc a un aspect marbré car son écorce s'exfolie en minces plaques. Il demande en outre un sol frais, fertile et n'apprécie pas trop le calcaire.
Il siège majestueusement dans la cour du Château, son feuillage présente des particularités uniques au monde. Chaque année, ses branches se couvrent de feuilles bigarrées où se mêlent les tons les plus vifs et les plus divers.
Ses dimensions (estimées en 1976) sont les suivantes : hauteur 25 m - envergure 35 m - âge estimé en 2022 : +/- 300 ans
Sa progression régulière est de l'ordre de 1,4 cm par an.
Ses feuille sont caduques, palmatilobées. Son fruit est de forme sphérique d'abord vert puis brun qui persiste tout l'hiver. Il est composé de petits akènes (fruits secs) possédant de longs poils roux, groupés généralement par 4.
Comment ce platane est-il arrivé dans la cour du Château ?
Il y occupe une position tout à fait excentrique. Etait-il une frontière symbolique entre la zone des communs et la zone résidentielle? A-t-il été une nouvelle espèce? Ou en témoin symbolique d'un événement important? Toutes les interprétations sont possibles...
L'Erable et Les "Maux de Saint Laurent "
On a tendance à confondre l'érable qui siégeait aussi dans la cour du château, aujourd'hui disparu, et le platane.
L'érable du château, sacré arbre fétiche par le folklore local, était en grande vénération. On l'avait surnommé "L'Arbre de St Laurent" car au début du siècle, une statue du Saint du même nom était conservée dans la chapelle castrale et faisait l'objet d'un véritable culte.
St Laurent était un diacre qui mourut en martyr en 253, rôti sur un gril sur l'ordre de l'empereur, parce qu'il avait refusé de lui céder les maigres biens ecclésiastiques dont il avait la charge. Mais avant de mourir, il fit jaillir de sa cellule une source d'eau vive qui, au contact de ses brûlures, les fit disparaître. Depuis lors, il est reconnu et prié pour guérir les maladies de la peau. A partir de ce moment-là, un véritable culte, parti de Rome, gagna nos provinces dès le 11ème siècle et les pèlerins venaient parfois de loin pour implorer le Saint guérisseur.
Fêté le 10 Août, les dévots venaient se recueillir et faire le tour de l'arbre planté entre le platane et l'entrée des communs du château. L'érable était alors dépouillé de ses feuilles car on croyait qu'il tenait son feuillage panaché d'une aspersion de pluie bénite provoquée par St Laurent. Dans la foi superstitieuse des pèlerins, cette eau devait guérir certaines maladies inflammatoires de la peau, comme les pustules, le zona ou l'impétigo,...
L'ardeur de pèlerins était telle que leur passage laissait l'arbre complètement dépouillé. La coutume voulait qu' "On effectuait par trois fois le tour de l'arbre, cueillant une feuille chaque fois que l'on passait sous la vaste ramure, avant de puiser de l'eau du puits, laquelle avait, elle aussi, la réputation de guérir les maux de Saint Laurent".
Aujourd'hui, cet érable a disparu car il était malade et son branchage, devenu envahissant, risquait d'endommager la façade du corps de logis du château. On pense donc, à tort, que l'arbre miraculeux est le Platane actuel qui trône dans la cour du château.
Actuellement, la chapelle accueille toujours une reproduction de la fameuse statue bénite de Saint Laurent, l'original étant exposé à l'Eglise paroissiale St Martin de Trazegnies.